Sophrodélène
Sophrologue à Longjumeau, Épinay sur Orge, Orsay et Paris-Saclay
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Abus sexuels dans l'église et inceste, un triste parallèle


Je me demandais quel sujet j’allais traiter ce mois-ci.

En écoutant ce matin France Inter, et l’interview de Jean-Marc Sauvé et Antoine Garapon, l’évidence du sujet du mois est là ...

Lors de cet interview des auteurs du rapport de la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans  l’Église) j'ai entendu comme de tristes échos de l'inceste : l’ampleur du phénomène, le silence, le report de culpabilité de l’agresseur sur la victime, la souffrance, la libération et le début de la reconnaissance quand enfin la parole des autres, puis la sienne se libèrent.

Je vous encourage à réécouter l’interview du 6 octobre de Jean-Marc Sauvé et Antoine Garapon, auteurs du rapport de la CIASE.

Un fléau

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 330 000 victimes d’abus sexuels par des religieux, religieuses, ou de civils intervenants pour l’Église depuis 1950. Une longue enquête a permis de recueillir 2738 témoignages, chacun vérifié par un magistrat.

Ces agressions représentent 6% des abus sexuels en France. L’Église arrive en 2e position après le cadre familiale. Pour rappel, 3,7% des français ont été victimes, avant leur majorité, d’un abus dans leur famille.

En écoutant l’intervention de Jean-Marc sauvé et Antoine Galapon, j’ai retrouvé les mécanismes qui enferment la victime dans le silence et la culpabilité que dans le cas de l'inceste.

Figures d’autorité

Le tabou de la sexualité qui brouille la vue

L’agresseur porte l’autorité, la « morale », il détient soi-disant la notion du bien et du mal, il est le sachant, il porte la parole d'un « dieu tout puissant », d'un sacré, d'un salut. La jeune victime est sous l’emprise de son agresseur, et n’a pas la possibilité de sortir de cette emprise sans l’aide d’un adulte bienveillant, vraiment bienveillant.

J’ai trouvé très éclairante (sans jeu de mot) la remarque sur la morale sexuelle défendue par l’Église et comment le tabou crée un brouillard, un « point aveugle » sur ce qui est licite et illicite. Le fait de ne pas parler explicitement de la sexualité dans le discours officiel de l’Église nivelle les pratiques et masque le principal, le consentement et l’intégrité physique et morale des personnes.

Les arrangements qui scellent le silence

À l’emprise de l’agresseur sur sa victime, vient s’ajouter le « qu’en dira-t-on ». Je renvoie ici, aux très beaux reportages sur l'inceste de Charlotte Polowski sur Louie Media qui décrivent très bien ce mécanisme du silence dans les familles. La peur du scandale, du qu’en dira-t-on, ordonne aux familles de taire l'agression. Le choc émotionnel des parents participe également à ce silence :  des parents bouleversés par ce qui arrive à l’enfant n’ont pas nécessairement les ressources émotionnelles pour y faire face, le déni et le silence deviennent alors une forme de protection face au traumatisme des parents. Les parents peuvent être aussi sous l’emprise de l’agresseur, l’homme d’église ou du bénévole qui s’occupe des enfants, des personnes portant des valeurs de l’église, amour et pardon. Dans de très et trop nombreux cas, la famille participe alors à sceller ce silence sur des dizaines d’années, enferme la victime dans une souffrance extrême, contribue parfois à ce que les agressions continuent, et augmentent le sentiment d’insécurité et de non reconnaissance des victimes.

On comprend combien le travail des journalistes et de cette commission est important : faire tomber le tabou à travers les médias et ainsi libérer la parole et clamer l’impensable !

Le transfert de culpabilité de l'agresseur à l'agressé

On retrouve ce transfert de culpabilité des agresseurs sur leurs victimes à la fois parce que les agresseurs sont en position d’autorité, parce qu’ils manipulent la victime et également parce que le traumatisme de l’agression met la victime dans un état de stress extrême. Au moment de l’agression, les circuits de la mémoire sont interrompus, c’est une réaction physiologique de survie. Du coup tout est mélangé, tout est brouillé. Ainsi des réactions ou émotions de l’agresseur peuvent être stockées dans la mémoire de la victime.

Ces mécanismes sont encore débattus en neurosciences, mais je vous recommande le site de https://www.memoiretraumatique.org/ et l’intervention de Muriel Salmona, dans le reportage Ou peut-être une nuit de Charlotte Polowski sur Louie Media sur l’inceste. La psychiatre Muriel Salmona intervient dans le 1er épisode.

Des vies abîmées qu'il est temps de guérir

Protection et prévention

Ce silence entretenu empêche les victimes de se reconstruire. Libérer la parole, poser la souffrance auprès d’être chers et protecteurs et auprès de personnels soignants est pourtant essentiel. C’est le début de la réparation. Merci donc à la   la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuel dans l’Église).

Ce rapport est une occasion de mettre à jour le fléau des abus sexuels sur mineurs, de lever les tabous. Je suis toujours étonnée que ce sujet ne fasse pas l’objet de sensibilisation dans les écoles. Les élèves ont des interventions à propos de l’égalité fille/garçon, du harcèlement, des réseaux sociaux... La sexualité est abordée dans le cadre des rapports fille/garçon et du respect mutuel, mais il y a trop peu d'actions de prévention sur l’inceste et les abus sexuels.

Il est temps de répéter haut et fort à nos enfants et nos adolescents que leur corps leur appartient et qu’ils doivent désobéir à un adulte qui leur demande de ne rien dire lorsque celui-ci leur met la main dans la culotte !

Je renvoie ici au fabuleux travail d’Andrea Bescond. https://andreabescond.com/donner-du-sens/

Et la sophrologie dans tout ça ?

Il serait illusoire et mensonger de croire que quelques séances de sophrologie peuvent guérir d’un tel traumatisme. Néanmoins, il est essentiel de libérer la parole et de déposer sa souffrance. Un suivi psychologique est essentiel, le cheminement sera sûrement long, se fera par étape, mais chaque étape sera un mieux, un niveau de sérénité gagné. Il me semble qu’il est intéressant de compléter le suivi psychologique par d'autres techniques  : hypnose, sophrologie, EFT, EMDR,.. Les besoins de la victime varieront en fonction de son cheminement. Il me semble également que les techniques psychocorporelles comme la sophrologie, l'EFT ou l'EMDR et les techniques corporelles (shiatsu, réflexologie, ostéopathie, réflexes archaïques ...) sont intéressantes pour réparer et cicatriser l’empreinte corporelle du traumatisme.

En bref, si vous êtes victimes, ne restez pas seules, parlez-en, faites-vous aider, faites-vous accompagner, il n’est jamais trop tard !


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